Artisanat du Mali : des propositions fortes pour la durabilité du secteur
« Artisanat et Economie Verte : Défis et Opportunités pour un Développement Durable au Mali », c’était le thème du Nyetaa Baro N°4 du 15/11/2019 au Parc des Exposions de Bamako. Au cours cette rencontre, des recommandations fortes ont été faites par les panelistes et les participants. Ces recommandations, une fois adoptées devraient permettre à l’Artisanat Malien d’être suffisamment outillé pour prendre en compte les questions environnementales et de développement durable.
Coorganisée par Mali-Folkecenter Nyetaa et le Salon International de l’Artisanat du Mali 2019, cette causerie débat a réuni une centaine de personnes. Les panélistes étaient Mme Keita Aida M’Bo, ancien Ministre de l’Environnement et Dr Ibrahim Togola, Président du Conseil d’Administration de Mali-Folkecenter Nyetaa
« L’artisanat, c’est le génie et la créativité »
D’entrée de jeu, l’importance du secteur a été soulignée. Selon les panélistes, l’Artisanat contribue à plus de 10% au produit intérieur brut (PIB) du Mali. Ce secteur emploie beaucoup de personnes, 200 000 selon les chiffres officiels et plus de 5 000 000, selon estimations non officiels. « L’artisanat, c’est le génie. Le premier travail au monde qui consistait à tailler la pierre, à faire des armes pour la chasse et la maitrise du feu est une œuvre d’un artisan », explique Dr Togola, avant d’ajouter que « pour que le Mali puisse avancer, il doit d’abord valoriser ces artisans et ensuite peut suivre une industrialisation ». Pour lui, cette valorisation passe par l’accès à l’électricité. « Avec de l’électricité, ces hommes et femmes peuvent faire des travaux plus extraordinaires », explique-t-il.
L’artisanat malien doit s’inscrire dans une autre dynamique
« L’arbre ne doit pas casser la forêt », a-t-on l’habitude de dire. Selon Mme Keita Aida M’Bo, les artisans dans l’exercice de leur métier portent atteinte à l’environnement. L’ancien ministre de l’environnement explique qu’au Mali, les activités de l’artisanat sont basées sur les ressources naturelles, avec un accent particulier sur les ressources forestières. Par exemple les principaux produits du secteur sont issus de nos forêts : les sculptures, les statuts, les instruments de musique, les masques, les chaises, les bijoux, les calebasses, les armes, les lits, les ustensiles, les tissus, les chaussures…
De manière isolée, les entreprises artisanales sont moins polluantes mais de manière globale et vue les produits toxiques utilisés par chacune d’elle, elles ont un effet cumulé nocif sur l’environnement, ajoutent les débatteurs. « L’artisan malien dans son activité n’a pas le réflexe de la protection de lui-même et de l’environnement », regrette Aida M’Bo. Les raisons qui poussent les artisans à surexploiter les ressources naturelles sont le profit immédiat et la survie au court terme.