Fleuve Niger : quelles solutions à la pollution ?
La causerie débat de Mali-Folkecenter Nyetaa dénommée « Nyetaa Baro » a enregistré son premier numéro de l’année 2021. C’était ce 21 mai à la Maison des Jeunes de Bamako, sur le thème : Fleuve Niger : quelles solutions à la pollution ? Les panelistes étaient : Professeur Sidy BA, Maître de conférences en Génie Chimique et Environnemental et M. Moussa Diamoye, Directeur général adjoint de l’Agence du Bassin du Fleuve Niger (ABFN). Dr Ibrahim Togola, PCA de Mali-Folkecenter a assuré la modération. Au cours de cette rencontre, il y a eu des échanges intéressants.
D’entrée de jeu le Prof Sidy BA, Maitre de conférences en Génie chimique et environnemental et auteur du rapport Cart’Eau a fait l’état des lieux de la pollution du fleuve. « On n’a pas besoin de faire des analyses pour voir que le Fleuve Niger à Bamako est pollué. Toutefois, nous avons fait cette étude pour quantifier l’ampleur de cette pollution et savoir par quelles voies les eaux usées, les déchets solides et liquides arrivent dans le fleuve », explique-t-il.
Le constat de ce travail est alarmant. « Cette étude a dénombré 94 collecteurs dont 24 naturels (aménagés sur certains tronçons) et 70 construits en maçonnerie de béton ou de pierres. Sur ces 94 collecteurs, les eaux de 58 finissent leurs courses dans le fleuve. Ces collecteurs constituent, selon cette étude, les premiers facteurs de pollution du fleuve Niger. L’étude a estimé le débit cumulé des eaux usées rejetées dans le Fleuve Niger à la traversée de Bamako à environ 611548 m3 par jour soit plus de six cent millions de litres ».
« Le talon d’Achille de ce pays est le courage politique»
Moussa Diamoye, Directeur général adjoint de l’Agence du Bassin du Fleuve Niger
Pour M. Moussa Diamoye, Directeur général adjoint de l’Agence du Bassin du Fleuve Niger (ABFN), son organisation fait de son mieux et alerte autant qu’il peut. Cependant, il précise que face à cette situation, leur rôle ne se limite qu’à cela. « Nous n’avons pas de pouvoir de répression ou de sanction » regrette-t-il.
M. Diamoye n’a pas manqué de signaler que les lois et textes pris par les autorités maliennes ne sont appliqués ou ont des failles.
Des pistes de solutions…
Selon M. Diamoye, il y a déjà des actions en cours qu’il faut encourager. Le dragage sur le Fleuve Niger est interdit dans le nouveau code minier. Il y a également beaucoup de supports de communication qui sont en train d’être élaborés pour sensibiliser les populations sur les enjeux de la sauvegarde du fleuve Niger
Toutefois, le Directeur adjoint de l’ABFN pense qu’il faut aller plus loin avec un « taxe pollueur payeur », comme moyen dissuasif. « La mise en œuvre du plan d’aménagement des berges du Fleuve Niger est aussi nécessaire » ajout-il.
« On dirait qu’on fait les lois pour plaire à quelqu’un. On ne les respecte pas » clame le Professeur Sidy Ba. Pour lui il faut plutôt des décisions politiques fortes pour aller vers la construction de stations de traitements des eaux usées et des boues de vidanges.
Il faut de la « solidarité et de la responsabilité des citoyens autour du fleuve Niger», explique Dr. Ibrahim Togola, Président du Conseil d’Administration de Mali-Folkecenter pour changer la tendance.
Selon lui, plus 80% de la population malienne vit directement ou indirectement du Fleuve. Cette ressource constitue le poumon socioéconomique et culturel du Mali et sa dégradation, voire sa disparition doit interpeller chacun de nous.
C’est ce qui explique l’organisation de cet évènement qui réunit les acteurs, les autorités et les populations pour une discussion à bâton rompu sur la question.
Rappelons que le Fleuve Niger est long de 4200 km, dont 1750 km traverse le Mali.
Mali-Folkecenter Nyetaa