Mali : la Protection et la Gestion durable des forets restent un défi ?
La journée internationale des forêts est célébrée le 21 mars de chaque année. Cette journée intervient au moment où au Mali les forêts et ses ressources subissent une pression énorme de la part des populations. La protection et la gestion durables des forêts au Mali restent un grand défi. Ce qui fait que ces forêts disparaissent de plus en plus. Dans cet article, avec le Président du Conseil d’Administration de l’ONG Mali-Folkecenter Nyetaa, on fait le point de la situation.
Avec 2/3 de son territoire qui est désertique, sa démographie galopante avec près de 20 millions de personnes dont 70% vit des activités agro-pastorales et la pêche. Ces activités sont toutes liées aux ressources naturelles, principalement le bois de chauffe comme sources d’énergie. Cela est équivaut à des milliers d’hectares de forêt abattus chaque année.
De l’autre côté l’agriculture qui est pratiquée au Mali est extensive. C’est-à-dire on fait la coupe des arbres et le défrichement pour avoir des terres cultivables. Toute chose qui a des répercussions sur les ressources forestières, car jusqu’à présent au Mali nous n’avons pas pu adopter des techniques qui nous permettent d’exploiter une même parcelle pendant vingt ans.
Par exemple, on utilise peu les engrais biologiques au profit des engrais chimiques. Ce qui fait que les terres s’appauvrissent vite et il faut aller, chaque fois à la conquête de nouvelles terres. A cela s’ajoutent les feux de brousse, la coupe abusive de bois d’œuvres et les défrichements dans le secteur minier.
Que disent les chiffres officiels sur la question ?
Ces différents phénomènes montrent que la situation des forêts au Mali est critique. Elles subissent une pression anthropique énorme. Selon le rapport « Politique Forestière Nationale » de 2017, chaque année 500 000 hectares de forêts disparaissent à cause des actions de l’homme.
Toujours, selon ce même document, les prélèvements de bois correspondraient à plus de 12 millions de tonnes de bois par an. Au même moment, la capacité de régénération de ces forêts est estimée à 7 millions de tonnes par an.
Quelles peuvent être les conséquences de cette situation?
« Nous sommes en train de scier le banc sur lequel nous sommes assis ». Avec ce qu’on voit au Mali, on tend vers la déforestation qui à son tour nous amène vers l’érosion, la baisse de la pluviométrie, la baisse de rendement des cultures et enfin la pauvreté.
Face à cette situation, que faut-il faire ?
Il y a des actions qui sont posées mais qui restent insuffisantes face à l’ampleur de la situation. Pour la protection et une bonne exploitation des ressources forestières, il faut un partenariat public-privé. L’Etat doit confier la gestion de ces forêts aux particuliers ou à des entreprises.
Par exemple en 2008, AID SA a entamé un processus d’amodiation de 200 000 hectares de forêts à Bougouni et Yanfolila avec le Gouvernement du Mali. Ce sont les premières forêts au Mali qui sont dotées d’un plan d’aménagement et d’investissement approuvé par le gouvernement. Objectif : transformer ces lieux en des parcs de biodiversité et d’écotourisme. Depuis 2015, MFC travaille en partenariat avec AID pour une bonne exécution de ce plan d’aménagement.
Ce travail se fait en partenariat avec les populations riveraines des forets, et les surveillants forestiers locaux qui sont dotés de moyens de surveiller les activités dans la forêt. Depuis 2015, les activités illégales dans la forêt (coupe de bois, braconnage) ont beaucoup diminué.
D’autre part, grâce à cette collaboration, les femmes riveraines de ces forêts ont été accompagnées dans la transformation et la valorisation des produits forestiers comme : le beurre de karité, le cajou, le néré, le kinkéliba, la mangue, le zaban et le miel. Comme résultat, ces femmes qui auparavant coupaient le bois pour le commerce, ont d’autres sources de revenus.
Il faut une multiplication de ce type d’initiative et un accompagnement de l’Etat pour sauver le peu de forêts qui reste au Mali, tout en créant des activités génératrices de revenus pour les populations dont la vie économique en dépend.
Cellule de Communication Mali-Folkecenter Nyetaa