Médecine Traditionnelle au Mali : de plus en plus reconnue au Mali
A côté de la médecine moderne, la médecine traditionnelle au Mali joue un rôle très important dans la santé et la vie économique des populations rurales. Au niveau de ces zones, plus de 80 % de la population se soigne de manière traditionnelle. C’est ce que ressort de la conférence débat organisé par l’ONG Mali-Folkecenter Nyetaa le samedi, 23 novembre 2019 au Parc National du Mali. Pour MFC et les acteurs présents à cette rencontre, même si la médecine traditionnelle au Mali occupe une place de choix dans le traitement des maladies chez les populations, il faut plus de reconnaissance et d’accompagnement du secteur au niveau des autorités. C’était dans le cadre de la 3ème Edition de Nature et Santé.
Des spécialistes de la tradithérapie, les responsables du Département de la Médicine Traditionnelle de la Faculté de Médicine du Mali, l’ancien Ministre de l’environnement Mme Keita Aida M’Bo et la Chambre des Métiers du Mali ont échangé avec les participants sur l’importance de la médicine traditionnelle et comment avoir une reconnaissance plus grande du secteur.
« Dans les zones rurales , la garde majorité se soigne par la médecine traditionnelle »
Pour Dr Ibrahim Togola, Président du Conseil d’Administration de Mali-Folkecenter Nyetaa initiateur de cette rencontre, en cas de souci de santé, le premier réflexe chez la population malienne, surtout au milieu rural, est d’aller vers les arbres pour se soigner. D’où l’importance du secteur et la nécessité de son accompagnement.
Même si au niveau des populations, surtout rurales, la garde majorité se soigne par les moyens traditionnels, il faut reconnaître que le secteur ne bénéficie pas de tout l’accompagnement qu’il faut pour jouer pleinement son rôle, selon Professeur Mamadou Tounkara, ancien Directeur du Département de la Médecine Traditionnelle du Mali.
Cependant pour l’actuelle Directrice du DMT, Profession Rokiatou Sanogo, l’apport des tradi-thérapeutes est nécessaire dans les structures hospitalières, les centres de santé communautaires et autres. C’est pourquoi il a été demandé par les autorités maliennes dans chaque grande structure hospitalière et CSCOM, de travailler en collaboration avec un tradithérapeute. Ce dernier peut leur venir en aide quand la médicine moderne a montré ses limites.
L’enseignement de la médecine traditionnelle dans nos universités !
Toujours dans le cadre de la valorisation du secteur, l’Organisation Ouest Africaine de la Santé a recommandé, il y a de cela des années, l’enseignement de la médicine traditionnelle dans nos universités. C’est ce qui est pratiqué au Mali depuis 2017 à la Faculté de Médicine. Chaque année 20 heures de cours sont dispensées aux étudiants en fin de cycle, en médicine et en pharmacie.
Quant aux responsables de la Chambre des Métiers les tradithérapeutes devraient être affiliés à leur organisation. Cela va leur donner plus de poids avec des numéros d’immatriculation. C’est une reconnaissance légale qui leur donne de la garantie pour exercer ce métier. En ce moment la Chambre des Métiers peut les aider à chercher des partenaires comme l’ONG Mali-Folkecenter Nyetaa pour leur encadrement, formation, visite d’échange d’expérience avec d’autres personnes du domaine et leur participation aux foires.
La tradithérapetie : un secteur qui peut contribuer à la sauvegarde de nos forêts
Si pour beaucoup de personnes, les tradi-thérapeutes sont des acteurs de la déforestation, au cours de cette rencontre il a été plutôt démontré que ce sont eux qui veillent sur nos arbres et nos forêts.
« Pour préserver les arbres, il faut d’abord savoir à quoi ils servent. Et pour ce faire il y a personne de mieux placer pour nous en parler que ces femmes et ces hommes qui gagnent leur vie à travers ces arbres », explique Dr Ibrahim Togola. « Il faut les reconnaitre et les aider à préserver ces arbres qui sont sous la menace non seulement de l’action de l’Homme, mais aussi des effets du changement climatique », propose-t-il.
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Dr Togola a également souligné que dans le cadre du recensement et de la protection des arbres, MFC et le Département de la Médecine Tradition du Mali ont conduit des enquêtes sur les arbres utilisés par les tradi-thérapeutes dans les forêts de Bougouni, Yanfolila et Garalo. Dans ces zones, il y a 125 arbres qui sont utilisés pour soigner les maladies.
Tiemoko Kanté, tradi-thérapeute depuis de 50 ans dans la zone de Garalo. Il explique leur rapport avec la forêt : « Nous ne pouvons pas déboiser nos forêts car elles sont notre gagne-pain. Dans mon travail, moi je n’ai jamais totalement coupé un arbre. J’enlève soit l’écorce, les feuilles et ou les racines. Par exemple avec la racine, il faut faire attention à ne pas tout enlever. Chaque fois qu’on coupe une partie de la racine il faut y mettre de la cendre et d’ici un an, la partie va se régénérer ». Au cours de ces deux jours de rencontre, Mali-Folkecenter Nyetaa a aidé ces tradi-thérapeutes à avec une tente d’exposition de leurs produits. Un stand qui a été très bien visité.