Nyetaa Baro à Sélingué : Les emplois verts et l’entreprenariat agricole au cœur du débat
Le Centre de Formation Professionnelle sur les Energies Renouvelables et le Climat de Sélingué a abrité pour la première fois la causerie-débat « Nyetaa Baro » de l’ONG Mali-Folkecenter le mardi 22 juin 2021 autour du thème : « Les emplois verts et l’entreprenariat agricole, des opportunités pour la jeunesse de Sélingué ». Dr Youba Sokona, Expert en énergie, environnement et développement durable en Afrique et Vice-président du GIEC était le conférencier de cette édition. Dr Ibrahim Togola, PCA de Mali-Folkecenter y était le modérateur.
Contribuer à l’éveil des consciences des populations sur les opportunités des emplois verts, mettre en évidences les potentialités de l’entreprenariat agricole sont les raisons principales de l’organisation cette édition de « Nyetaa Baro » au centre de Formation Professionnelle de MFC Nyetaa de Sélingué.
« Le développement passe par l’énergie mais malheureusement nos politiques ne l’ont pas encore compris. Si on a l’énergie, on a tout. Rien n’est possible sans énergie. »
Dr Youba Sokona, Expert en énergie, environnement et développement durable en Afrique et Vice-président du GIEC
Dr Youba Sokona, Expert en énergie, environnement et développement durable en Afrique et conférencier de ce Nyetaa Baro, a fait l’état des difficultés auxquelles font face les cultivateurs à cause de l’insuffisance de l’énergie. Il a ajouté que rien n’est possible sans énergie, de ce fait, il a exhorté les politiques à faire de l’accès à l’énergie et à l’eau une priorité pour une possible auto-suffisance alimentaire.
Il affirme qu’il est nécessaire de faire un parcours de soutenabilité, de durabilité avant de se lancer dans l’entreprenariat. Puisque, selon lui, sans une étude de faisabilité, de marché, aucune entreprise ne peut survivre.
Au cours de cette causerie débat, certains jeunes ont souligné l’inadéquation entre les formations et le marché de l’emploi. Ils affirment que c’est la principale raison du chômage au Mali. « Les jeunes sont nombreux et sont ambitieux mais ils se heurtent à des problèmes », signale Ibrahim N’Diaye, Président de l’association Plan GNETA. Dr Sokona n’est pas de cet avis.
« On n’est pas obligé de travailler dans le domaine dans lequel on a appris à l’école. Les études nous aident à ouvrir nos esprits pour nous aider à apprendre plus. L’essentiel c’est d’aimer ce que l’on fait. C’est une fois qu’on aime ce qu’on fait, on excelle dedans ».
Dr Youba Sokona
Moment d’échanges, l’occasion a été saisie par les participants pour évoquer les problèmes auxquels la zone de Sélingué est confrontée comme l’orpaillage qui agresse l’environnement, le dragage dans le fleuve qui dégrade l’état des fleuves. Le Président de l’association Plan GNETA a annoncé que les autorités sont contre l’orpaillage dans la zone mais que les jeunes soutiennent la cause. Pour Dr Togola, l’orpaillage est problématique. « C’est un problème politique. Si la loi n’est pas appliquée, c’est à vous de vous organiser et interpeller qui il faut. Sinon les conséquences sont énormes sur l’environnement ». Le PCA de MFC Nyetaa a ajouté que c’est aux jeunes de s’approprier des lois sur l’orpaillage pour exiger des sanctions contre les transgresseurs.
L’entreprenariat agricole est une arme contre le chômage, les jeunes témoignent
Broulaye Doumbia, Président du Conseil communal de la jeunesse de Sélingué, est maraicher à Sélingué. C’est après ses études de droit à Bamako qu’il est revenu à Sélingué pour se marier et retourner à Bamako juste après son mariage. C’est pendant ce séjour à Sélingué qu’il a décidé de se tourner vers le maraichage, après une discussion avec les personnes âgées de la zone. Pour lui, l’agriculture est l’activité la plus rentable. « Mais malheureusement, les étrangers tirent plus de bénéfice de nos productions que nous-mêmes. Cela est dû aux problèmes de transformation ». Il informe qu’il est possible de faire face aux défis de l’insuffisance alimentaire mais que cela passe par la valorisation de l’agriculture et la transformation des produits agricoles.
Quant à Hamidou A Diawara, Président de l’Association Malienne pour la Solidarité et le Développement, c’est inadmissible que le marché malien soit inondé de produits étrangers. Il pense que c’est nécessaire de renverser cette tendance. « J’invite la jeunesse à une réflexion mûre, qu’on cherche à régler nos propres problèmes. Nous devons nous inspirer de l’intérêt commun pour apprendre des choses », Hamidou A Diawara.
Cette édition de Nyetaa Baro fut également une occasion de réseautage entre les associations des jeunes de Bamako et de Sélingué. Pour cela, les associations comme : le Mouvement les Mains Vertes, le Groupe volontariat, le Mouvement Mali Propre, Climates et la JCI Bamako Ciwara étaient représentées. A noter que toutes ces associations évoluent dans le domaine de la protection de l’environnement. En plus de ces associations, d’autres personnes ont fait le déplacement de Bamako et d’ailleurs pour participer à ce tout premier numéro de Nyetaa Baro à Sélingué.