Nyetaa Baro: « La fertilisation naturelle des sols et la sécurité alimentaire pour la promotion des emplois verts »

Mali-Folkecenter Nyetaa a organisé des activités liées aux thématiques du projet Innov-ReC pendant la quinzaine de l’environnement. C’est dans ce cadre que MFC Nyetaa a choisi Bougouni pour le 1er numéro de Nyetaa Baro de l’année 2022 autour du thème « La fertilisation naturelle des sols et la sécurité alimentaire pour la promotion des emplois verts » le mardi 14 juin 2022 à Bougouni. Pour ce numéro, les panelistes étaient Aminata Diarra, Cheffe de division vulgarisation à Bougouni et M. Cheick Coulibaly, spécialiste en changement climatique. Dr Ibrahim Togola, Président du Conseil d’Administration de MFC Nyetaa en était le modérateur.

De gauche à droite: Dr Ibrahim Togola, Président de MFC et modérateur, M. Yacouba Samaké, Représentant du Maire et M. Djan Diakité, Représentant des Chefs de village de Massablacoura

Mali-Folkecenter Nyetaa organise les causeries débats mensuels dénommées « NYETAA BARO » depuis 2019 avec comme but de créer un espace des discussions profondes sur un thème qui proposeront des solutions concrètes et innovantes qui sont diffusées à travers plusieurs canaux de communication.  Les thèmes de ces échanges sont autour des défis environnementaux et climatiques qui dégradent les conditions de vie de la population malienne vivant niveau rural qu’urbain. Le but est de contribuer à la conscientisation des populations, les inciter à un changement de comportement, mais également trouver des solutions innovantes face aux défis environnementaux et climatiques qui assaillent le Mali.

Photo de famille à la fin du Nyetaa Baro

Nyetaa Baro de Bougouni

Pour cette première édition de Nyetaa Baro à Bougouni, M. Djan DIAKITE, Représentant du chef de village et M. Yacouba SAMAKE, Représentant du Maire de Massablacoura ont procédé à la cérémonie d’ouverture tout en remerciant MFC pour l’initiative et le choix porté sur leur localité. « Les fertilisants naturels nous protègent contre beaucoup de maladies tout en protégeant notre sol », c’est ainsi que Djan Diakité a entamé son intervention pour montrer la pertinence du sujet choisi.

M. Yacouba Samaké Représentant du maire de Massablacoura est du même avis, « le thème choisi est intéressant car tous les producteurs sont confrontés à ce problème de rendement après chaque campagne », a-t-il affirmé

« L’intrant le plus efficace est la fumure organique et qui est moins chère que l’engrais chimique ».

Dr Ibrahim Togola, Président de MFC

Dr Ibrahim Togola, modérateur, avant de donner la parole aux participants pour leurs différentes réactions a souligné que l’intrant le plus efficace est la fumure organique et qui est moins chère que l’engrais chimique.  Il a expliqué que l’utilisation des engrais chimiques provoque des effets néfastes sur la santé de nos sols, l’eau, l’air, les végétaux, les animaux et la santé des personnes.

« Le développement est impossibletant qu’on ne protège pas notre environnement »

Mme Aminata Diarra, Cheffe de division vulgarisation à Bougouni
Mme Aminata Diarra, paneliste

Mme Aminata Diarra, paneliste a commencé son intervention en expliquant en profondeur les conséquences des engrais chimiques sur le sol, selon elle, la protection de l’environnement passe forcément par l’utilisation des fertilisants naturels qui favorisent la régénération de la terre. Elle ajoute que l’utilisation des engrais chimiques détériore considérablement la santé des sols à travers la disparition de certains insectes qui jouent un grand rôle dans la restauration de cette santé. Elle a également évoqué le rôle de la fertilisation naturelle dans la sécurité alimentaire. « La fertilité des sols soutient la croissance végétale et optimise le rendement des cultures ». Ensuite, elle a évoqué les avantages et inconvénients de l’engrais organique et chimiques.

 Quant à Cheick Coulibaly, 2e paneliste, les fertilisants naturels ont le pouvoir de nourrir et améliorer le sol, qui ensuite nourrit les plantes. « L’utilisation des engrais naturels augmente considérablement le rendement des cultures et augmente le taux de matière organique dans le sol. Ils ne se contentent pas de donner un coup de pouce à la croissance de la plante. Ils vont jusqu’à l’aider à se développer d’une manière bénéfique et saine », a-t-il affirmé.

M. Cheick Coulibaly, paneliste

Il a aussi parlé des conséquences des engrais chimiques qui sont entre autres : l’infertilité chez les hommes, la destruction des agents fertilisants naturels du sol, la dégradation de l’environnement etc.

Les participants témoignent

Cette causerie débat a été une opportunité d’échanges. Plusieurs participants ont profité de l’occasion pour partager leurs expériences et les bienfaits de la fertilisation naturelle sur leurs champs.

Balaban Coulibaly, cultivatrice

« Depuis trois ans, je transporte plus de 25 charrettes remplies d’engrais organiques produits dans un composte chez moi et j’ai chaque fois un bon rendement à la récolte. Avec cette production, j’ai moins de problème à la conservation qu’avec les produits avec l’engrais chimique », témoigne Mme Balaban Coulibaly, cultivatrice. Elle ajoute : « quand j’utilisais les engrais chimiques, je pouvais dépenser 80.000F/an dans la santé de mes enfants, mais avec l’utilisation des fertilisants naturels, je dépense moins de 5000F/an. »

M. Adama SANGARE, un maraîcher à Koloni

M. Adama SANGARE est un maraîcher à Koloni. Il utilise la fertilisation naturelle depuis trois ans. Dans son intervention, il a expliqué le processus de production de ces fertilisants qu’il utilise dans son champ. Selon lui, les fertilisants naturels lui sont plus avantageux que les engrais chimiques car en plus d’être rentable, il peut conserver pendant plus longtemps ses produits issus de l’utilisation de la fertilisation naturelle. Il encourage à son tour tous les participants à changer de comportement pour le maintien de la fertilité et de la santé des sols.

« Le principal défaut dans le système de production de nos producteurs c’est que tout le monde veut produire rapidement et sans fournir plus d’efforts ».

M. Malamine Coulibaly, cultivateur
M. Malamine Coulibaly, cultivateur

Les exemples les plus frappants pour lui sont l’utilisation des tracteurs dans les labours qui ne correspond pas aux types de sol que nous avons, l’utilisation des herbicides pour ne plus faire du désherbage qui est bon pour le sol également. Et aussi il a également indexé la quantité de fumure organique utilisée qui très souvent est insuffisante et mal produite.  Il souligne que tout ceci peut entraîner des conséquences sur le rendement. Pour finir, il pointe du doigt la coupe de tous les arbres dans nos champs qui sont des fertilisants naturels.

De ces échanges ont découlé plusieurs questions et solutions dans l’optique d’inciter et de sensibiliser les participants sur les bienfaits des engrais organiques sur notre santé et sur nos terres 

Maimouna Samaké, journaliste

Ce Nyetaa Baro a pris fin sur une note de satisfaction de tous les participants et des recommandations des participants qui exhortent Mali-Folkecenter Nyetaa à renouveler plus souvent ce type de cadre d’échange et d’apprentissage dans la région de Bougouni et d’impliquer d’avantage la jeunesse.

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