Valorisation des ressources forestières : l’approche coopérative comme base de leadership féminin
Les zones d’interventions de Mali-Folkecenter Nyetaa sont des zones où les ressources naturelles sont assez abondantes. Toutefois les compétences pour les transformer en activités économiques génératrices de revenus restent maigres. Pour pallier cette difficulté, depuis plus de dix ans Mali-Folkecenter Nyetaa adopte un système dit « approche coopérative féminine ». Cette approche a montré beaucoup de résultats positifs. Ce qui fait que d’une seule coopérative en 2007, l’ONG en est à une dizaine aujourd’hui.
Dans les régions du sud, il y a assez de ressources forestières non ligneuses, notamment dans la région de Sikasso et Koulikoro. Cependant il n’y a pas d’expertises locales pour leur exploitation, la transformation et la valorisation.
Afin de trouver une solution durable à ce défi, Mali-Folkecenter Nyetaa a alors pensé à la mise en place de coopératives dans ces zones d’intervention. Certes, il y a des coopératives de différents types des cultivateurs (hommes) dans ces zones, mais pour les femmes l’approche coopérative était une nouveauté. Il fallait d’abord procéder à des campagnes de sensibilisation dans les villages, auprès de ces femmes ainsi que les hommes.
De l’accompagnement permanent dans tous les secteurs
Après leur mis en place, ces coopératives de femmes sont accompagnées par des formations, des coachings et des appuis en matériels de transformation jusqu’à ce qu’elles soient autonomes. Les femmes qui acceptent de façon libre les principes de la coopérative, travaillent toutes pour le groupe. Elles font la cueillette et la collecte des produits forestiers qu’elles vendent ensuite à la coopérative à un prix fixe au début de la campagne. Cette étape terminée, elles font la transformation des produits.
Pour faciliter l’écoulement des produits finaux, MFC joue le rôle d’appui conseil et la mise en relation avec les structures de commercialisation. Une fois ces produits vendus, l’argent généré passe par les représentes et les trésorières des coopératives. A leur tour, elles déposent la somme dans les comptes d’épargne de leurs coopératives respectives. L’ONG les accompagne dans tout ce processus, jusqu’à ce qu’elles se familiarisent avec ces institutions.
Selon l’une des leaders de la coopérative, Sata Sangaré de Flalaba : « Avant, les produits forestiers n’avaient pas assez de valeur. Par exemple, le kilogramme de la noix de karité était vendu à 100 Francs. Après la transformation, nous avions des problèmes d’écoulement. Avant que le beurre n’arrive en ville, il fondait, car on l’emballait dans des feuilles d’arbres. Mais aujourd’hui grâce à l’approche coopérative et les formations que nous avons reçues, nos productions sont mises dans des boites avec des étiquettes. Cela leur garantit une bonne conservation et un meilleur prix. »
La force de l’approche de Mali-Folkecenter Nyetaa est également qu’au lieu des coopératives séparées, les leaders et quelques membres de ces coopératives se rencontrent de temps en temps afin de partager les expériences. Depuis quelques années, il y a la célébration de la journée de la femme qui se fait chaque année dans une localité d’une coopérative.
En plus, les coopératives de la région de Koulikoro partent sur les installations de celles de Sikasso pour voir et apprendre et vis-versa. Ces visites ont aidé les femmes dans l’appréciation des forces de chaque zone. Ce qui a conduit à la commercialisation de la matière première. En plus, les zones qui ont plus de ressources qu’elles peuvent transformer, vendre le surplus pour les coopératives où les ressources ne sont pas abondantes.
Des résultats encourageants obtenus par cette approche
Plusieurs résultats incontestables ont été obtenus par Mali-Folkecenter grâce à cette approche. Ces différentes coopératives mises en place ont permis la valorisation de plusieurs produits comme le beurre de Karité et la noix de cajou. Dans les zones des coopératives, les femmes ont abandonné la coupe de bois. Elles ont diversifié leurs sources de revenus à travers l’accès au crédit pour faire d’autres activités comme le jardinage et l’élevage.
Témoignage de Djeneba Sangaré, Kediou : « Avant l’arrivée de Mali-Folkecenter Nyetaa, toutes nos activités étaient liées à la forêt, sans aucune technique de transformation des produits forestiers, ni des solutions de protection de la forêt elle-même. En plus d’apporter ces éléments, le projet a aussi organisé les femmes en coopératives. Le projet a diversifié nos activités et nos sources de revenus. En plus de la production du beurre, nous faisons maintenant du maraichage. »
Le plus important, l’autonomisation économique a conduit au leadership féminin. Aujourd’hui, la première coopérative « Sinsibéré » mise en place avec l’appui de MFC en 2007, est aujourd’hui autonome et produit plusieurs tonnes de beurre de karité amélioré avec un chiffre d’affaire de plusieurs millions de CFA. Sinsibéré est devenu un exemple à suivre pour les autres coopératives féminines. L’exemple encourage les autres à relever le défi, parce qu’elles ont vu que c’est possible.